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Lorraine Guillet

Qu’est-ce qui t’a amenée à faire de la photo abstraite ?

J’aurai 68 ans en juillet 2021, donc, je me promène avec un « kodak » depuis au moins 45 ans, d’abord avec le Brownie puis l’Instamatic, ensuite avec le 35 mm Praktika de ma sœur aînée et enfin mon premier Pentax en 1975. J’ai fait de la diapo, beaucoup de noir & blanc parce que c’est le créneau qu’a choisi le club-photo auquel j’ai adhéré en 1984, de l’infra-rouge…Normal qu’après tout ce temps, j’aie eu le goût de faire « autre chose », de « voir » autrement. Par ailleurs, en me convertissant au numérique, enfin je n’avais plus besoin d’avoir 2 appareils-photo autour du cou, et mon 3e œil, l’objectif 55-200 mm dont je me sers presque tout le temps, est devenu mon outil pour débusquer tous les sujets, y compris les abstractions. Je dis toujours que ce n’est pas l’appareil qui fait une bonne photo, mais bien le cerveau qui est derrière le viseur. Ce sont toutes les années à chercher des images qui m’ont formée, qui influent sur ce que je fais maintenant : oui, du figuratif, mais des abstractions aussi, parce qu’elles sont là, il faut juste savoir les voir!



Pourquoi l’abstrait ?

Voir une abstraction dans ce que l’on regarde, c’est jouer avec nos perceptions : un groupe de lignes   formant un effet graphique, des textures, un motif répété, des taches de couleurs qui s’harmonisent ou s’opposent, une lumière qui vient danser sur une surface, un effet spécial causé par une technique particulière à la prise de vue, un clin d’œil sur une partie d’un objet qui rend celui-ci mystérieux, tout est prétexte pour offrir à la personne qui regarde une image inédite.



Est-ce que tu considères suivre une ligne directrice, une démarche ?

Non, j’y vais par instinct, l’objectif toujours à l’affût, et c’est souvent après coup que je découvre le potentiel abstrait d’une photo. Je suis sans cesse à la recherche de LA photo qui va intriguer ou étonner. Je n’intellectualise pas mon acte photographique, je trouve, je cadre, je clique, je recadre, rehausse les contrastes et sature les couleurs si nécessaire, puis c’est tout! J’aime former des tableaux avec le doigt sur le déclencheur plutôt que sali par de la peinture!

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