Ca m'arrive régulièrement : Soudainement, l'élan n'y est plus. Quand le " à quoi bon ? " me talonne et m'implore d'y apporter une réponse, c'est plutôt accablant et anti-créateur comme moment. Prendre une photo, " écrire avec la lumière ", comme on dit entre photographes, et réussir à capturer quelque chose qui me plait devient alors une tâche à compléter plutôt qu'un acte spontané.
C'est arrivé aujourd'hui. J'ai décidé d'aller marcher sous le soleil de plomb pour faire taire cette question qui me suivait à la cheville depuis le réveil. Une petite marche sur le Pont Vert replace souvent les choses, que j'me suis dit. Maintenant rendu au beau milieux du Saguenay, je lève un peu les yeux et v'là t'y pas que les Dieux du ciel m'envoient une réponse clef-en-main : Le blanc et le noir.
C'est quoi le rapport ? Je doute qu'il y en ait un avec la question fatale. Mais toujours est-il que j'avais maintenant une photo spontanée sur mon téléphone qui pourrait très bien faire la job et, va savoir pourquoi cher lecteur, ces deux mots m'ont apaisé spontanément, un peu comme quand je garoches d'la p'tite vache sur le bbq en feu parce que je l'ai laissé trop longtemps sans surveillance. C'est juste magique. Un baume instantané qui m'a soulagé et m'a redonné cet élan précieux...
En creusant un peu la symbolique de la scène que je venais de capturer, les structures noires et rigides du pont vert m'apparaissaient comme autant de mots qui permettent de contenir ce blanc imprécis et malléable de la lumière diffuse et aveuglante qui m'entourait.
J'avais ma réponse, pour aujourd'hui du moins. Je fais à chaque jour une photo pour rendre tangible dans le réel ce qui anime mon imaginaire.
Je n'écris pas avec la lumière. J'écris avec le noir.
[ Pont ( vert ) piétonnier qui relie Chicoutimi à Chicoutimi-Nord au-dessus du Saguenay ]
コメント