À la recherche du beau perdu
- Jean Vigneault

- 24 juil.
- 1 min de lecture
Dernière mise à jour : 25 juil.

Longtemps, j’ai marché pour la peine. Souvent, pour le plaisir. Parfois, peu de temps après avoir commencé, mes jambes se démenaient si vite que je n’avais pas le temps de me dire « je marche ». Et, une demi-heure plus tard, la pensée qu’il était temps de capturer un peu de beauté me venait. Je n’avais pas cessé, en marchant, de vouloir trouver une façon de faire du beau avec ce que je croyais voir de laid ou d’anodin. Mais cette envie avait pris une tournure particulière : il me semblait être moi-même devenu ce que je voulais photographier ; un mur, un morceau de métal chargé de rouille, un mirage sur le pavé. Cette croyance persistait pendant de longs moments sans pour autant me faire croire devenir complètement cinglé. Puis elle commençait à devenir plus claire, et les sujets se détachaient lentement de mon être. J’étais libre maintenant de m’y sentir relié comme une partie de moi, ou pas. Aussitôt, je reprenais ma marche, et j’étais bien étonné par ce qui défilait autour de moi, tout ce que je voyais devenant source potentielle de quelque chose d’agréable à regarder, quelque chose de doux et d’apaisant pour mes yeux, mais encore plus pour mon esprit, à qui tout cela apparaissait comme une chose sans cause et incompréhensible.
( Pastiche inspiré des premières lignes de À la recherche du temps perdu )



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